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Printemps 2023
  au sommaire de ce numéro 9 :
L'ÉDITORIAL DE STÉPHANE DUGAST
Bel espoir
 lire l'édito 
La bêtise est partout ! Elle inonde nos réseaux sociaux à renfort de titres ronflants, d'images aguicheuses et de propos à l'emporte-pièce. Pire, les campagnes de désinformation pullulent sur la toile, théâtre de débats souvent les plus puérils, voire malveillants. Tous les coups semblent permis. Dans cette course au buzz, d'autres phénomènes m'inquiètent, comme cette volonté, outre-Manche et outre-Atlantique, de réécrire certains romans – dont ceux d'Ian Fleming (James Bond) – au prétexte que les textes originaux ne sont moralement plus corrects, voire choquants pour certaines catégories, dont évidemment la jeunesse (bah tiens !). Je pense immédiatement à 1984, un roman philosophique et d'anticipation publié en 1949. Son auteur, George Orwell, y dessine un monde totalitaire dans lequel les idéologies ont triomphé de l'individu. Relisez-le ! Le penser-correct suscite la polémique (tant mieux), mais il fait des émules. Bigre ! Cela fait froid dans le dos, mais cela nous incite plus que jamais à la rédaction d'Embarquements de tracer notre sillage à contre-courant de ces pensées « positives ».

À rebours des effets de mode, nous ouvrons nos colonnes depuis nos débuts (2 ans déjà !) à ceux qui aiment à raconter avec des mots et des clichés un monde tous azimuts, sans simplisme, ni manichéisme. Ils sont photographes. Ils tiennent aussi souvent la plume. Ils sont jeunes ou moins. Ils sont Nikon ou Canon. Ils sont téméraires ou plus sages. Ils sont réservés ou forts en gueule. Ils ont tous en commun d'être à hautes sensibilités et de s'engager sur tous les terrains de notre globe, ailleurs comme ici. Force est de constater qu'ils nous racontent un monde ni noir, ni blanc.

L'enfer est d'ailleurs blanc pour Lucien Migné, l'un des reportages phares de ce numéro 9. Ce reporter freelance a débarqué à l'improviste dans les carrières d'Al-Minya. Au cœur du désert égyptien, il a rencontré de véritables forçats du calcaire. Eux n'ont de retraite ni à 62 ni à 64 ans, et encore moins de « régimes spéciaux » malgré la pénibilité de leur travail et la toxicité de leur environnement. Aucun syndicat ne les défend. Eux bossent seulement pour survivre, nous plongeant dans un Germinal moderne à la sauce Mad Max.

Habitué à surfer (au sens propre comme au figuré), Damien Castera s'est quant à lui rendu dans le berceau de la religion chrétienne, dans un pays riche d'une histoire deux fois millénaires, mais situé en zone à risque au carrefour des grands empires. « L'Arménie semble à nouveau condamnée à lutter pour sa survie », écrit-il. En adepte du reporter et écrivain Joseph Kessel (1898-1979) – dont on dit que le journalisme sous sa forme la plus noble accédait enfin à la dignité d'art – Damien témoigne de son époque à hauteur d'hommes, et d'un drame en train de se jouer avec un peuple en sursis. Notre monde n'est cependant pas que noir. L'espoir verdit grâce à Camille Lin, tout frais diplômé d'une école de journalisme, qui débarque dans une région paumée du Tadjikistan en quête de gens qui cherchent des solutions afin de concilier écologie et tourisme. Grâce à l'écrivaine Émilie Talon, l'espoir d'un monde meilleur renaît aussi. Direction cette fois, les hauts sommets d'Iran, avec une guide-alpiniste dont la voix n'est pas bâillonnée par un État plongé dans un obscurantisme effrayant. Le cocasse peut également se vivre comme une aventure. Croustillants sont parfois ses coulisses, comme le narre l'artiste baroudeur Pascal Bejeannin qui, flanqué de son monumental gorille en métal, ne débarque pas en terrain conquis, loin de là, dans le village « universel » de Mboka, au Gabon.

Vous le savez, nos sujets sont tous faits mains par des femmes et des hommes engagés. D'honnêtes gens animés par de solides convictions. Leurs « productions » et notre sélection font notre ADN, et notre modeste succès. N'hésitez pas d'ailleurs à parler de notre journal autour de vous, à abonner des amis, des proches ou des collègues. L'indépendance et la liberté se payent très cher en période inflationniste, tout comme le papier, dont le coût (+75% pour nous) a bondi. Nous ne vous parlerons pas de la distribution postale et de ses hic parfois.

À l'heure des « réécritures », des punch-lines, des invectives, des prouesses de Chat GPT (qui n'épatent que les ravis de la crèche) et des « ogres » dans les médias (dont un dénoncé par l'académicien Érik Orsenna), je ne résiste pas à l'envie de vous formuler trois recommandations printanières : Primo, éteignez vos écrans (lisez sur du papier), Secundo, donner (ou faites) l'amour (on ne le dira jamais assez), Tertio, prenez le temps d'aller dehors (le grand air inspire). L'intelligence artificielle ne nous sauvera pas, face à quoi, « l'espoir demeurera le pilier du monde ». Je fais nôtre ce proverbe zoulou.

D'ici là, restons forts et inspirés,

Stéphane Dugast

TROIS QUESTIONS À …
Cédric Gras, écrivain-voyageur
Cédric Gras aime le terrain. Avec son acolyte Damien Castera, il est récemment parti arpenter une ligne de front sur le qui-vive dans une Arménie plus que jamais menacée par son voisin azéri. Le point avec cet homme à la plume acérée et à l'actualité chargée.
propos recueillis par Stéphane Dugast
à lire en page 2 du journal Embarquements n°9
en savoir plus : linkedin.com

EXPÉDITION
Waorani, dans leur nature
Depuis les plateaux andins aux volcans enneigés, une équipe d'explorateurs s'enfonce petit à petit dans le bassin amazonien luxuriant avec comme objectif de pénétrer jusqu'au cœur du Parc national du Yasuni et d'y rencontrer le peuple des Waoranis. Récit de Philippe Mistral, l'initiateur et le chef de cette expédition.
texte : Philippe Mistral | photographies : Caroline Lelièvre
à lire en page 3 du journal Embarquements n°9
en savoir plus : philippemistral.com

RÉCIT
Grimper à Téhéran
1956 dans l'Iran du Shah, six jeunes gens, dont son père tôt disparu, ouvraient trois petites voies dans la poussière et la neige du Trône de Salomon et du Damavand, un volcan semi-actif et point culminant du pays, à 5 610 mètres. 65 ans plus tard, sa fille voyageuse et écrivaine Émilie Talon est partie sur ses traces. En chemin, elle a rencontré Zohre Ofoghi, une guide-alpiniste dont elle a retracé l'histoire dans son dernier livre.
extrait du livre d'Émilie Talon | photographies : Émilie Talon
à lire en page 4 du journal Embarquements n°9
📖 Vertiges persans, d'Émilie Talon, éditions Paulsen (Guérin), 2023.
en savoir plus : editionspaulsen.com

BONNES FEUILLES
Grands blancs
Les uns se sont lancés dans la conquête des pôles de notre planète tandis que d'autres sont partis à l'assaut de cimes inviolées de l'Himalaya. Depuis des siècles, de hardis explorateurs repoussent les limites du monde connu. Qu'ils soient géographes, alpinistes, voyageurs, missionnaires, soldats, scientifiques, écrivains, aventuriers, baroudeurs, rêveurs, mystiques ou diplomates. Hommage à ces découvreurs des grands blancs, des pôles au toit du monde.
extrait du livre de Stéphane Dugast
à lire en page 5 du journal Embarquements n°9
📖 Une Histoire de l'exploration – neiges et glaces des pôles à l'Himalaya, de Stéphane Dugast, éditions Glénat, 2024.
en savoir plus : glenat.com

REPORTAGE
Paresseux, ultimes combats
Le naturaliste Charles Darwin a réalisé une fameuse expédition autour du monde entre 1831 et 1836. Embarqué sur le Beagle, il avait pour mission de décrire la faune et la flore lors des différentes escales. Parti sur ses traces, Victor Rault a décidé de faire le même périple en rencontrant divers scientifiques contemporains. Il s'arrête cette fois au Brésil, afin de découvrir le Paresseux à crinière, un animal endémique de la Mata Atlântica dont l'urbanisation effrénée lui fait courir de grands dangers.
photographies : Maxime Horlaville | texte : Julien Pannetier
à lire en page 6 du journal Embarquements n°9
en savoir plus : captaindarwin.org

REPORTAGE
L'enfer du calcaire
Dans la plaine désertique d'Al-Minya, à 250 km au sud du Caire, en Égypte, près de 20 000 ouvriers découpent des briques de calcaire pour satisfaire le marché national de la construction. Un enfer pavé de pierres blanches où l'atmosphère cotonneuse prend à la gorge. Insatiables, les machines soulèvent de redoutables nuages de poussière qui provoquent de graves silicoses et embolies pulmonaires. Mais les ouvriers n'ont que foulards et lunettes de soleil pour se protéger.
texte et photographies : Lucien Migné
à lire en page 6 du journal Embarquements n°9
en savoir plus : lucienmigne.fr

REPORTAGE
Arménie, un peuple en sursis
Berceau de la religion chrétienne, riche d'une histoire deux fois millénaire, mais située en zone à risque au carrefour des grands empires, l'Arménie semble à nouveau condamnée à lutter pour sa survie. Plus d'un siècle après le génocide qui marqua son peuple au fer rouge, les ennemis héréditaires sont à nouveau aux portes du pays.
texte et photographies : Damien Castera
à lire en page 12 du journal Embarquements n°9

REPORTAGE
À bonne école
Dans un Tadjikistan frappé depuis plusieurs décennies par les effets du dérèglement climatique, les habitants de la Vallée des sept lacs ont décidé de prendre leur avenir en main et d'accueillir des voyageurs chez eux malgré l'isolement. Mieux, avec la manne touristique, cette communauté compte se développer et même enrayer l'exode.
texte et photographies : Camille Lin
à lire en page 16 du journal Embarquements n°9
en savoir plus : linkedin.com

RÉCIT
Les caprices d'un roi
Depuis presque deux ans, l'association Art'Situ agit afin d'éveiller les consciences, de témoigner de l'impact de l'Homme sur la planète et sur l'Homme via des expéditions tout-terrain. Cette fois, son fondateur, Pascal Bejeannin, a conduit Mekaa Mui, une sculpture de gorille, au cœur de la forêt gabonaise. Cette première étape d'une traversée de l'Afrique d'Ouest en Est s'est d'ailleurs révélée haute en couleurs comme le raconte l'artiste qui a pris la plume.
texte : Pascal Bejeannin | photographies : Marika Godin et Alizée Guy
à lire en page 18 du journal Embarquements n°9
en savoir plus : art-situ.com

PORTRAIT
Hubert de Chevigny, la noblesse de l'aventure
Explorateur polaire, pionnier de l'ULM ou encore concepteur d'avions, Hubert de Chevigny a placé sa vie sous le sceau de l'aventure dans les airs. Cet homme si généreux a pris son dernier envol le 27 décembre 2022. Hommage à un explorateur résolument inspirant.
texte : Stéphane Dugast
à lire en page 20 du journal Embarquements n°9


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