mentions légales politique de confidentialité

© Embarquements, depuis 2021
Hiver 2022
  au sommaire de ce numéro 8 :
L'ÉDITORIAL DE STÉPHANE DUGAST
Roi du monde
 lire l'édito 
Je rêve beaucoup en mer. Je suis même une machine à fabriquer les scenarii les plus improbables, mieux que Netflix et Amazon réunis ! Le plus souvent, mes rêves me ramènent à mon enfance heureuse et insouciante. Pourquoi ? Comment ? Là sont sûrement les ferments de l'homme que je suis devenu.

J'ai grandi à Saint-Étienne-de-Montluc, chef-lieu de canton, 5 000 habitants à l'époque, à 20 kilomètres de Nantes, entre bocage et marais. J'ai d'abord voyagé sur les hauteurs du Sillon de Bretagne. Ce territoire, c'était ma « jungle », comme dans les aventures de Kipling, Kessel et consorts. J'avais une grosse appétence pour les récits d'exploration. J'adorais aussi dévorer les albums de bande dessinée avec une préférence pour le reporter Tintin, les agents du contre-espionnage Blake et Mortimer ou encore le cowboy rebelle Blueberry. Tout ça a contribué à développer ma curiosité et mes envies d'ailleurs, d'autant qu'exceptées 2-3 semaines de vacances en France, je bougeais peu. Mes parents n'avaient pas de résidence en bord de mer ou à la montagne. Je me revois enfant en quête perpétuelle d'aventures à la Phileas Fogg. Perché dans notre cabane en haut d'un chêne, près des vignes et du moulin de mes grands-parents, je vivais la vie au grand air avec gourmandise, intensité et insouciance. Mes lectures, les films de guerre et les westerns de La dernière séance chantés par Monsieur Eddy nourrissaient mon imaginaire. Aux côtés de mon frère Yvonnick, de mes cousins Jérôme et Gildas, nous vivions les frissons de l'ailleurs par procuration. Nous étions tour à tour indien, cowboy, soldat confédéré, yankee, résistant ou chouan… Dans notre fortin, nous guettions l'attaque imminente d'un ennemi, prêts à riposter. Nous avions l'avantage du terrain. Nous dominions la Loire, les marais contigus et bien entendu le monde.

Dernièrement, un cliché vu sur la Toile m'a fait sursauter, il m'a rappelé d'autres années, celles de mon adolescence à Nantes. Avouons-le il y a prescription. Nous étions en 1990. J'avais 16 ans et l'envie folle de gagner un concours photo avec le copain Charles. Le tablier du pont de Cheviré qui relie le sud de la Loire-Atlantique à sa partie bretonne n'allait pas tarder à être posé. L'opportunité de prendre l'incroyable en photo était toute trouvée pour les ados que nous étions. Avec Charles, nous sommes donc allés « là-haut » avant que cet ouvrage ne soit finalisé et fréquenté par des voitures. Nous avons escaladé sans peine les barrières de chantier pour parvenir à la future route à l'une des extrémités du pont, rive droite je crois. Après quelques contorsions et une descente vertigineuse, dans mon souvenir toujours, nous nous sommes installés dans l'un des échafaudages bleus suspendus au-dessus du vide. La Loire limoneuse coulait à plusieurs dizaines de mètres sous nos pieds, des centaines de mètres, raconterons-nous a posteriori. Nous étions ainsi persuadés que nous allions faire des clichés inoubliables de Naoned (Nantes), notre ville natale, et gagner ce foutu concours. Bien entendu, nous n'avions ni casque, ni autorisation, ni équipement de sécurité et… ni parachute ! Nous ne nous sommes pas arrêtés là car ensuite nous avons filé à l'aéroport voisin qui s'appelait encore « Château-Bougon ». Nous nous sommes positionnés en bout de piste, sans autorisation toujours. Nous nous sommes allongés dans l'herbe pour prendre un autre cliché inoubliable, celui d'un avion au décollage. Nous étions inconscients mais si heureux de tant de créativité. Bien évidemment, au développement, nos photos étaient ratées, floues et sans intérêt. Personne ne nous avait appris les règles basiques de la photographie, mais nous avions vécu la fièvre de l'aventure… Si ma fille Joséphine m'annonçait pareilles expéditions, je serais fou d'inquiétude et de colère. Vieillirais-je ? Je n'ai finalement voyagé au long cours que tardivement. Je n'ai pris un long-courrier qu'en l'an 2000. Au culot, j'avais réussi à me faire accréditer afin de couvrir un événement du monde de l'aventure alors phare : le Camel Trophy, version nautique. J'ai ainsi découvert l'Océanie, les îles Tonga et Samoa, les mille et une nuances de bleu, les cocotiers et les alizés. J'avais 26 ans, je bouffais enfin le monde et les latitudes. J'étais Tintin-reporter. Vingt-deux ans plus tard, je continue de bourlinguer. Cette fois, je navigue sur l'océan Indien pour y vivre une nouvelle épopée à l'écart des tumultes de l'actualité, de la guerre en Ukraine, de la révolte en Iran et en Chine, et de cette coupe du monde au Qatar conspuée avant d'être adulée. Au milieu du grand bleu, mes pensées vagabondent. Pont numéro 9 du navire Agulhas II sur lequel j'ai embarqué pour raconter une mission océanographique avec les Explorations de Monaco, je repense à mes autres embarquements. Pourquoi tant vouloir désirer vivre la fièvre de l'aventure finalement ? Tiens, le soleil vient de disparaître de l'horizon, le ciel s'embrase. Mon imaginaire aussi. Je suis encore le roi du monde, enfin… de mes mondes.

Stéphane Dugast

TROIS QUESTIONS À …
Marjolaine Édouard & Matthieu Alexandre
Matthieu et Marjolaine ont créé fin 2019 leur agence de reportages inTERREviews. Forts chacun d'un parcours de photojournaliste et d'humanitaire, ils ont dessiné pour ligne éditoriale deux problématiques de plus en plus interdépendantes : les droits humains et les enjeux environnementaux. Après un premier livre abordant leur rapport au vivant, le couple à la ville et sur tous les terrains a récemment décidé de grimper en Himalaya à la rencontre d'une communauté sherpa menacée par la fonte du glacier Trakarding. Entretien croisé avec un binôme à fortes convictions.
propos recueillis par Stéphane Dugast | photographie : Matthieu Alexandre / InTERREviews
à lire en page 2 du journal Embarquements n°8
en savoir plus : interreviews.fr

EXPÉDITION
Mémoire vive
Explorateur, écrivain et cofondateur des Expéditions Polaires Françaises, Paul-Émile Victor (1907-1995) a d'abord été un ethnologue. Au mitan des années 1930, le Groenland oriental était son « terrain de jeu » et de ceux qu'on appelait les Eskimos, il a tout enregistré, filmé, photographié, retranscrit et dessiné. Ses travaux de recherche, « égarés » pendant 40 ans avant d'être retrouvés, ont été remaniés avec la complicité de l'anthropologue Joëlle Robert-Lamblin. Publié en 1989, La Civilisation du Phoque, livre référence, ressort cette année en version abrégée. Une mise en abyme d'une civilisation aujourd'hui disparue. Récit d'une collaboration éditoriale sans pareille.
texte : Stéphane Dugast et Daphné Victor | dessins : Fonds de dotation Paul-Émile Victor
à lire en page 3 du journal Embarquements n°8
📖 La Civilisation du phoque, de Joëlle Robert-Lamblin, éditions Belin, 2022.
en savoir plus : belin-editeur.com

ENTRETIEN
À cœur-joie
Ancien colonel de l'Armée de terre, alpiniste, explorateur, réalisateur, conférencier et père de six enfants, Henry Bizot est tout cela à la fois. Entretien à bâtons rompus avec un homme qui a vaincu un cancer du poumon en 2012 et qui depuis n'aime pas mieux qu'à gravir les plus hauts sommets de notre planète. Des expéditions à chaque fois dédiées à une cause ou un malade.
propos recueillis par Stéphane Dugast | photographies : Henry Bizot
à lire en page 4 du journal Embarquements n°8
en savoir plus : dshb.fr


REPORTAGE
Points gagnants
Face aux violences urbaines, des rings éphémères s'installent en banlieue parisienne. Créée en 2021 par deux boxeurs des Yvelines, l'association « Amour et Sport » promeut la boxe anglaise au sein des quartiers populaires, proposant ainsi aux jeunes de s'affronter d'égal à égal. Retransmis sur les réseaux sociaux, les combats sont spectaculaires mais toujours empreints de respect. Une valeur chère à Yann Eugène, le président, qui va de quartiers en quartiers afin de susciter des vocations.
photographies : Romain Adam | texte : Julien Pannetier
à lire en page 6 du journal Embarquements n°8
en savoir plus : adamromain.netadrienscat.com/amouretsport

REPORTAGE
Hecho en Barrio,
une jeunesse à la dure
Dans les quartiers populaires de San Luis Potosí, une ville de 2 millions d'habitants située à 400 kilomètres au nord de Mexico, la vie est dure et même dangereuse. La faute aux drogues et aux armes faisant basculer nombre d'adolescents dans les bandes. Souvent graffeurs et tatoués, ils dansent sur la cumbia, histoire de s'évader et de traverser au mieux la vida loca, ce mode de vie déjanté mais risqué, caractéristique notamment chez les délinquants.
photographies : Jean-Félix Fayolle
à lire en page 8 du journal Embarquements n°8
en savoir plus : jeanfelix-fayolle.com

REPORTAGE
Pyrénées : stupeur et tremblements
Les Pyrénées tremblent. Rien de nouveau, et pourtant, face aux enjeux humains, économiques et environnementaux, les secousses sismiques doivent être prises au sérieux. Les habitants d'Arette peuvent en témoigner, eux qui, en 1967, ont vu leur village détruit par un séisme. Ou plus récemment, en 2020, lorsqu'une rivière a subitement été engloutie sous le village de Sainte-Marie de Campan. Des bouleversements que l'Observatoire Midi-Pyrénées se charge d'élucider, quitte à chausser les skis pour disséminer des capteurs jusqu'en haut des montagnes.
texte et photographies : Pascal Thole
à lire en page 14 du journal Embarquements n°8
en savoir plus : pascalthole.com

CABINET DE CURIOSITÉS
Requins et diables de mer, sur le vif
Passionné depuis l'enfance par la photographie et le monde sauvage, avec un forte attirance pour l'univers sous-marin, Sébastien Barrio n'aime rien de mieux qu'aller embarquer pour témoigner et, in fine, sensibiliser le grand public aux enjeux majeurs liés au changement climatique et à l'effondrement de la biodiversité. Ses deux dernières missions en attestent…
texte et photographies : Sébastien Barrio
à lire en page 16 du journal Embarquements n°8
en savoir plus : sebastienbarrio-photographie.com

INVENTION
Sol.Ex, le planeur solaire
Voguer dans le ciel comme on navigue à la voile et n'utiliser que des énergies renouvelables, voilà qui pourrait passer pour une utopie. C'était sans compter sur les talents et la ténacité de Jean-Baptiste Loiselet, un jeune ingénieur français assoiffé de défis et de voyages. Récit d'une aventure solaire vécue dans les airs et au sol par notre jeune reporter.
texte et photographies : Camille Poirot
à lire en page 18 du journal Embarquements n°8
en savoir plus : facebook.comdesailespourlaplanete.fr

PORTRAIT
Mélusine Mallender,
la fièvre de l'aventure
Costumière de formation, Mélusine est exploratrice, aventurière, motarde, humaniste, féministe, bordélique et curieuse, selon ses dires. Cela fait une douzaine d'années qu'elle arpente le monde à moto. Son leitmotiv ? Fréquenter des pays à l'image dégradée, et se questionner sur ce que signifie la liberté là-bas en donnant la parole aux femmes.
texte : Stéphane Dugast | photographies : Christian Clot
à lire en page 20 du journal Embarquements n°8
en savoir plus : melusinemallender.com


Philosophie


Créateurs


Newsletter
>