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Automne 2022
  au sommaire de ce numéro 7 :
L'ÉDITORIAL DE STÉPHANE DUGAST
La pédale joyeuse
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La chaleur était suffocante, le ciel bleu azur et le chemin poussiéreux. Parti depuis Paris à vélo 5 jours auparavant, j'arrivais enfin à proximité de ma destination finale ô combien symbolique. C'est pourtant sans prévenir, à l'approche d'un virage qui promettait de longer sa baie, que m'est apparue cette pièce phare du patrimoine culturel hexagonal. Le Mont Saint-Michel était là, lui le troisième monument historique le plus visité de notre pays, 608 421 visiteurs l'an dernier (contre 1,5 million avant la pandémie). Construit sur un éperon rocheux en l'honneur de l'archange saint Michel au VIIIème siècle, ce haut lieu de pèlerinage depuis le Moyen-âge culmine à 80 mètres d'altitude avec sa fameuse église abbatiale. Au loin, « la merveille de l'Occident » en impose tant elle paraît suspendue entre terre, mer et ciel. Logique dès lors que ces lieux soient célébrés dans le monde entier pour leur majesté millénaire. Sa baie large et lumineuse est également un enchantement pour le randonneur qui s'en approche.

Privilège octroyé cet été aux cyclistes, j'allais pouvoir emprunter à deux-roues (et sans mettre pied à terre) le pont-passerelle qui mène au pied du site. L'heure était donc à l'allégresse et à l'insouciance. Je roulais sur une départementale trop fréquentée – une portion de la voie verte était en travaux – quand un chauffard en mode Fangio m'a frôlé et bien failli m'envoyer au tapis. « Catachrèse ! Bachi-bouzouk ! ». Je jurais comme mon capitaine barbu de papier préféré. Ivre de colère, j'oubliais mes douleurs et pédalais à « toute berzingue » pour rattraper ce « crétin de Normandie » et l'invectiver. Je comptais le retrouver bloqué dans le trafic à l'approche du site emblématique, raté ! Le cabriolet Mercedes noir et son « moule à gaufres » de chauffard s'étaient évanouis dans la nature. Il ne me restait dès lors plus qu'à savourer la fin de cette nouvelle aventure accomplie depuis chez moi, à Paris, sur une voie cyclable baptisée « la Véloscénie ». Ce périple n'a certes rien d'un exploit sportif mais il constitue une véritable odyssée pour qui sait ralentir la marche du temps, produire des efforts et exercer ses sens.

L'aventure a été belle, et bucolique. À de rares exceptions près, je n'ai, en effet, roulé que sur des pistes aménagées, des voies vertes, des routes de campagne et des chemins forestiers, traversant ainsi la vallée de Chevreuse, le Perche, l'Orne et le bocage normand. J'ai pédalé, la truffe au vent, dans une France rurale, celle que j'avais imaginée, rêvée et fantasmée deux ans auparavant, lorsque j'avais traversé à deux-roues (et sans moteur) notre pays par sa « Diagonale du vide », de Dunkerque à Hendaye. J'aime le vélo. J'aime à pédaler et à voir défiler les paysages à vitesse raisonnable. Cette nouvelle aventure vélocipédique m'a permis de renouer avec le terrain (après des mois derrière un écran d'ordinateur à écrire). J'ai aussi renoué avec les plaisirs du bivouac et la vie sous toile de tente. Mention spéciale à mon matelas pneumatique ultraléger mais percé. J'ai repris goût à faire « escale » dans les bars-restaurants-pmu pour y remplir mes bidons d'eau fraîche mais également écouter les conversations de comptoir. J'ai eu chaud et soif. J'ai eu des coups de soleil et des coups de bambou.

« Cyclistes, fortifiez vos jambes
en mangeant des œufs mollets
 »
 Pierre Dac

J'ai alterné entre des moments de grâce, où mes jambes tournaient toutes seules, et des instants plus douloureux, lorsque cuisses, ischios et mollets se contractent. Le moral et le courage font alors le reste. Bref, le vélo longue distance est une allégorie de la vie avec une route à parcourir, des obstacles, des hauts, des bas, des peurs, des imprévus, des surprises, des déconvenues mais surtout des rencontres.

Heureux, satisfait et fier de conclure cette Véloscénie, je pouvais dès lors partir en vacances en famille. L'occasion de souffler, de siester, de nager, de lire, de profiter de l'instant présent mais surtout de se tenir à l'écart des réseaux sociaux et de ces autres activités connectées qui nous font perdre un temps si précieux. Comme un écho aux propos d'Isabelle Autissier, navigatrice-écrivain qui, suite à l'une de mes « questions-à-la-con-de-journaliste » (sic) sur l'au-delà lors d'une récente interview, m'avait répliqué du tac-au-tac : « Vous savez, le temps, c'est notre richesse à nous, les humains. Le reste, c'est de la foutaise ! ». Une philosophie que j'ai assurément fait mienne cet été. N'en déplaise au grand Léo, avec le temps, tout ne s'en va pas !

D'ici là, restons forts et inspirés,

Stéphane Dugast

TROIS QUESTIONS À …
Matthieu Tordeur, explorateur
La grande traversée des Pyrénées à pied, via celle que l'on appelle la « Haute route », c'est l'expédition estivale conduite par Matthieu Tordeur. Un périple entre sommets, crêtes, vallées et prairies, entre France et Espagne. Une odyssée champêtre, de l'océan Atlantique à la mer Méditerranée.
propos recueillis par Stéphane Dugast
à lire en page 2 du journal Embarquements n°7
en savoir plus : matthieutordeur.cominstagram.com

ENTRETIEN
Julien Moreau, du bleu à l'âme
Ses rêves sont récemment devenus réalités. Désormais compétiteur et instructeur d'apnée, l'éco-aventurier Julien Moreau a ainsi fait sa mue pour coller à ses aspirations les plus profondes et les plus intimes.
propos recueillis par Stéphane Dugast
à lire en page 3 du journal Embarquements n°7
en savoir plus : julienmoreau.orginstagram.com

EXPÉDITION
Sébastien Roubinet, l'éclaireur de l'Arctique
Premier humain à franchir le passage du Nord-Ouest à la voile et premier Français détenteur du prix Shackleton, Sébastien Roubinet ambitionne cette fois de rallier l'île Banks au Spitzberg en passant au nord de toutes les terres canadiennes et groenlandaises. Une aventure encore jamais réalisée. Baptisée « Nagalaqa », cette odyssée entre terre, mer, glaciers et icebergs est l'occasion de vivre un défi extrême, mais également de récolter des données scientifiques et ainsi témoigner du réchauffement climatique.
texte : Stéphane Dugast| photographies : Sébastien Roubinet
à lire en page 4 du journal Embarquements n°7
en savoir plus : sebroubinet.eufacebook.com

BONNES FEUILLES
La promesse de sauvage
Ode aux grands espaces sauvages du Grand Nord, La Femme de l'Alaska est aussi l'un des premiers romans écologiques de son temps. Initialement publié en 1923 et adapté à l'époque au cinéma, cet ouvrage vient d'être réédité dans une nouvelle traduction. Un grand roman d'aventure et d'amour, signé du méconnu James Oliver Curwood (1878-1927), considéré aujourd'hui comme le père du nature writing. Conçue comme un thriller, cette fiction met en scène Alan Holt, un éleveur de rennes qui lutte contre la corruption pour défendre son pays et protéger les Amérindiens.
extrait du livre de James Oliver Curwood
à lire en page 5 du journal Embarquements n°7
📖 La Femme de l'Alaska, de James Oliver Curwood, traduit de l'anglais par Tristan Savin, éditions Arthaud, 2022.
en savoir plus : arthaud.fr

REPORTAGE
Danse avec les bombes
À l'école Veseli Cherevychky, à Lviv en Ukraine, les danseurs de ballet transpirent avec une énergie inédite : celle de l'innocence bouleversée par la guerre. Pendant que leurs aînés se battent comme ils peuvent contre l'ennemi russe, des jeunes valsent, en effet, entre deux alertes à la bombe.
photographies : Romain Adam
à lire en page 6 du journal Embarquements n°7
en savoir plus : adamromain.netfacebook.com

REPORTAGE
Les petits soldats de Poutine
Ils ont entre 7 et 25 ans et n'ont connu qu'un seul président, Vladimir Poutine. Avec la Iounarmia, c'est une nouvelle génération que le leader russe a voulu façonner à son image, prônant des valeurs d'ordre et d'autorité. Des jeux de guerre aux écoles militaires en passant par les clubs patriotiques, ces jeunes-là ont grandi dans le nationalisme et le patriotisme exacerbé. Armés de kalachnikovs, ils s'entraînent à l'école comme en vacances pour, demain, « défendre la grande Russie contre les forces du mal ».
photographies : Aude Osnowycz
à lire en page 8 du journal Embarquements n°7
en savoir plus : audeosnowycz.photoshelter.comyunarmy.ru

REPORTAGE
Des vélos dans le rétro
Avec sa grande façade blanche, son inscription bleue, sa terrasse surélevée et sa glycine spectaculaire l'été, impossible de rater La Bicicleta à Souillac. S'exhalent de cette élégante bâtisse sise sur la route de Sarlat-la-Canéda, perle du Périgord noir, de son atelier attenant aux grandes verrières et de son jardin verdoyant – avec chaises, lampions et terrain de pétanque – l'incontestable parfum d'une époque heureuse et insouciante.
texte : Stéphane Dugast | photographies : Zeppelin
à lire en page 14 du journal Embarquements n°7
en savoir plus : labicicletaravito.com

CABINET DE CURIOSITÉS
Le grand dépistage du Petit Molosse
Les chauves-souris fascinent les scientifiques pour leur capacité à héberger des virus. Espèce endémique de La Réunion, le « Petit Molosse » colonise les grottes et les falaises de l'île, mais s'installe également dans les habitations, les ponts et les églises. Encore mal connu, il forme d'impressionnantes colonies où circulent différents agents infectieux, dont des virus, bien qu'aucune transmission de ces virus à l'Homme n'ait été rapportée sur l'île jusqu'à présent.
photographies : Thibaut Vergoz / IRD | texte : Julien Pannetier
à lire en page 16 du journal Embarquements n°7
en savoir plus : thibautvergoz.com

REPORTAGE
Charitables, la dernière escorte
Onze hommes en bicorne marchent sur la route en poussant un cercueil. Les Béthunois, dans le Pas-de-Calais, reconnaissent vite les protagonistes de ce cortège funèbre. Ce sont les Charitables, une confrérie laïque qui propose gracieusement, et à quiconque, d'accompagner les défunts. Peu importe la religion, l'âge ou le milieu social, chaque enterrement est traité avec la même dignité. Une mission emprunte de solidarité qui dure depuis huit siècles.
photographies : Joaquim Dassonville | texte : Julien Pannetier
à lire en page 18 du journal Embarquements n°7
en savoir plus : joaquimdassonville.com

PORTRAIT
Daniel Fiévet, il est une voix
Animateur et producteur de l'émission radiophonique Le temps d'un bivouac, Daniel Fiévet éveille depuis 9 ans notre curiosité dans le sillage des explorateurs les plus divers. Un rendez-vous hebdomadaire qui devrait revenir l'été prochain au format quotidien, tandis que lui, le voyageur immobile, annonce déjà une nouvelle série de podcasts sur le thème des naufragés, « sur tous ceux qui, coupés du reste du monde, ont trouvé la force de survivre ». Que de bonnes ondes finalement, ouf !
texte : Stéphane Dugast
à lire en page 20 du journal Embarquements n°7
en savoir plus : radiofrance.fr


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