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Automne 2021
  au sommaire de ce numéro 3 :
L'ÉDITORIAL DE STÉPHANE DUGAST
Le magnifique
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Je saturais d'aventuriers. J'en avais marre de L'As des As, ce gendre idéal toujours prompt à publier chaque jour sur ses réseaux sociaux la photo parfaite de son expédition. Il y avait aussi Le Guignolo, celui parti traverser à pied des régions sauvages avec des médicaments dans sa besace pour soigner la misère du monde. Quant à L'Alpagueur, il était devenu ma tête de Turc. J'en soupais de ses clichés, muscles bandés et tatouages exhibés, narrant à coups de posts et de stories sur Instagram moins ses périples que son quotidien insipide. Le Doulos !

Le professionnel avait également surgi dans ma vie. Lui a une gueule, du charisme et surtout une aventure spectaculaire à vendre. Une qui va le propulser sur le devant de la scène et lui permettre de dérouler son business model. Lui aussi doit se montrer partout, jouer des coudes et du réseau, quitte ensuite à en oublier des fondamentaux. Moins requin avait été L'Héritier, à qui rien ne peut normalement arriver. L'Incorrigible avait quant à lui été plus malin, préférant d'entrée de jeu me flatter. Oui, bien sûr, j'étais Le Professionnel le plus talentueux du milieu, ou plutôt du marché. Lui avait besoin de ma plume pour écrire son prochain livre. Sa vie était d'ailleurs digne d'un roman d'aventures. Bien entendu, nous allions partager les gains colossaux des ventes de "notre" futur best-seller. Quant aux pourcentages, la promesse était plus vague. Comme Un singe en hiver à qui l'on n'apprend plus à faire des grimaces, je n'avais alors plus répondu à ses incessantes relances. De toute façon, lui voyageait tous azimuts tandis que je partais en Week-end à Zuydcoote faire du char à voile le long de la mer du Nord. Ainsi donc, de nouveaux aventuriers 2.0 étaient devenus Les Acteurs incontournables du milieu, et moi Le Marginal. Né au mitan des années 1970, j'étais déjà has-been avant d'avoir été. La Scoumoune, oui ! Les Morfalous et autres bâfreurs, boustifailleurs, gloutons, goinfres et fabricants d'aventures me ringardisaient définitivement.

À bout de souffle, j'ai pris la tangente cet été. Direction un bout de l'Europe, cap sur les Balkans et la Slovénie pour m'aérer les neurones. Au Robinson River Camp, dans le nord-ouest du pays, j'ai été gâté. Là-bas, dans ce site sans électricité, ni eau courante, ni douche chaude, et encore moins de wi-fi, le temps s'est égrené autrement. Tout cela au bord d'une rivière, d'une forêt… et d'un champ de cannabis ! Même sans fumer, un détail m'a intrigué dès mon arrivée : la présence en hauteur d'immenses filins recouvrant un quart du terrain. Était-ce pour dissuader les parapentistes d'atterrir ici ? Le cerveau en ébullition, j'étais perdu dans mes pensées quand il a surgi de sa cabane, sans faire "toc, toc, badaboum…". L'approche a été plus furtive, et d'abord silencieuse. Le visage émacié, le nez aquilin, la silhouette fine, le cheveu court, le regard pénétrant, la cinquantaine alerte, il avait tout de l'ancien militaire, et même du "barbouze". "No speaking English but Russian and Slovenian" m'a-t-il lancé dans un anglais râpeux à souhait. Il allait être a priori difficile de se comprendre. L'euro est heureusement un langage universel. Mon hôte s'est alors montré un brin plus prolixe. Le cannabis du champ voisin était cultivé pour un usage médical. Quant aux filins métalliques, il s'agissait d'antennes relais. Alexander était russe et slovène mais surtout radioamateur, et donc pratiquant d'un loisir qui consiste à établir des liaisons radio avec d'autres passionnés disséminés dans le monde entier. À l'heure des connexions à haut débit et du "m'as-tu-vu" numérique, j'aime ces anachronismes et ces gens à rebours de leur temps. Le dernier matin, avec Alexander nous sommes partis assister au lever du soleil dans ses montagnes. L'instant magique incitait à la contemplation et au silence. Le Magnifique est décidément partout à condition de savoir déconnecter. Bébel-ement vôtre.

Restons forts et inspirés !

Stéphane Dugast

TROIS QUESTIONS À …
Marine de Tilly, grand reporter
Critique littéraire avertie mais aussi grand reporter jamais aussi à l'aise que sur le terrain, Marine de Tilly s'est rendue à Raqqa en Syrie pour suivre Leïla Mustapha, une jeune Kurde devenue maire de l'ancienne capitale de l'État Islamique. À la clef, un récit écrit à quatre mains avec l'intéressée qui a inspiré le documentaire « 9 jours à Raqqa » de Xavier de Lauzanne, sorti en septembre 2021 dans les salles obscures.
propos recueillis par Stéphane Dugast | photographie : Jean-Matthieu Gautier
à lire en page 2 du journal Embarquements n°3
en savoir plus : linkedin.comboutique.arte.tv

CABINET DE CURIOSITÉS
L'âme de la forêt
Chaque automne, quelques forêts s'animent d'un des plus impressionnants spectacles que la Nature puisse offrir : le brame du cerf. Un mois durant, entre septembre et octobre, les mâles déchirent la quiétude nocturne en poussant de puissants rugissements. Ils s'intimident sans relâche, combattent âprement. Les plus forts d'entre eux monopolisent les harems de biches avec lesquelles ils se reproduiront durant l'unique jour de chaleur de chacune. C'est le rut, une période sensible pour l'espèce, et que l'Homme doit savoir respecter.
texte et photographies : Camille Poirot
à lire en page 3 du journal Embarquements n°3
en savoir plus : instagram.com

PORTRAIT
Luc Marescot, le cinéma grandeur nature
Il a sillonné la planète notamment pendant plus de 20 ans aux côtés de Nicolas Hulot pour l'émission télé culte Ushuaïa Nature, où il a officié comme caméraman puis réalisateur. Devenu depuis un documentariste réputé, Luc Marescot s'est lancé cette fois à corps perdu dans la réalisation d'un long métrage singulier « Poumon vert et tapis rouge » pour défendre à sa manière un écosystème qui lui est cher : la forêt.
texte : Stéphane Dugast | photographie : Marc Dozier
à lire en page 4 du journal Embarquements n°3
en savoir plus : luc-marescot.comboutique.arte.tv

EXPÉDITION
Traversée du glacier Fedchenko
Oublié du monde et exploré seulement en 1928 par une expédition germano-soviétique, le Fedchenko est un imposant glacier situé au Tadjikistan dans les montagnes du Pamir. Il a été exploré en septembre dernier par trois Français – Matthieu Tordeur, Cédric Gras et Christophe Raylat – partis depuis la mer d'Aral en Ouzbékistan.
texte et photographies : Matthieu Tordeur
à lire en page 4 du journal Embarquements n°3
en savoir plus : livexplorer.comvimeo.com

BONNES FEUILLES
Alaska, la dernière frontière
Reporter-photographe, Volodia Petropavlovsky a débuté sa carrière en arpentant le Grand Nord. Son attrait pour le monde boréal l'a amené à traverser l'Alaska en canoë, à la rencontre d'un monde sauvage fantasmé par beaucoup mais pourtant terriblement hostile.
texte et photographies : Volodia Petropavlovsky
à lire en page 5 du journal Embarquements n°3
📖 La Dernière Frontière, de Volodia Petropavlovsky, éditions Le Mot et le Reste, 2023.
en savoir plus : lemotetlereste.com

RÉCIT
SOS Méditerranée, sauver des vies
Les sauvetages en mer se sont succédé cet été pour SOS Méditerranée, l'association européenne de recherche et sauvetage en haute mer. En juillet 2021, et en un peu plus de 72 heures, 6 opérations de sauvetage réalisées au large de Malte et de la Libye ont ainsi permis à l'Ocean Viking de prendre en charge 572 migrants, dont 183 mineurs, fuyant tous la Libye pour vivre une vie meilleure. Embarquement au cœur d'une opération humanitaire aux portes de l'Europe.
texte et photographies : Antonin Burat
à lire en page 6 du journal Embarquements n°3
en savoir plus : sosmediterranee.frantoninburat.com

REPORTAGE
Caucho, retour aux racines
Peuple autochtone de l'Amazonie, les Huni Kuin ont quitté la ville pour retourner dans la forêt et renouer avec leurs traditions. Initiée par le cacique et les chamans, cette dynamique est accompagnée depuis 2005 par la religion du Santo Daime, et depuis 2012 par les Évangélistes. Un syncrétisme arrosé d'ayahuasca, la boisson allucinogène qui demeure la pierre angulaire de cette communauté pourtant connectée aux réseaux sociaux. Malmenés depuis le XIXe siècle, les Huni Kuin doivent désormais affronter les fazendeiros qui convoitent leurs terres forestières.
photographies : Nicolas Cortes
à lire en page 8 du journal Embarquements n°3
en savoir plus : nicolas-cortes.com

REPORTAGE
Cordouan, le choix du roi
Plus ancien phare de France encore en activité, Cordouan est le seul aujourd'hui à ne pas avoir été automatisé. Situé à l'embouchure de la Gironde, ce « château sur la mer » accueille en permanence deux gardiens, et de plus en plus de curieux, d'autant que cet édifice est, depuis juillet dernier, inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco. Une nouvelle preuve d'un éclat sans pareil.
texte et photographies : Thibaut Vergoz
à lire en page 8 du journal Embarquements n°3
en savoir plus : phare-de-cordouan.frthibautvergoz.com

CABINET DE CURIOSITÉS
Le dromadaire au pays des mille fromages
Silencieux, le couteau effleure la surface blanche qui se durcit. Sous les yeux des scientifiques du CIRAD, le lait est en train de cailler, présageant un nouveau genre de fromage sur le territoire français. La méthode n'a rien d'original, mais ici, c'est du lait de dromadaire que l'on transforme – du lait produit près de Maubeuge. Une filière prometteuse, pourtant pas encore autorisée sur le marché.
texte : Julien Pannetier | photographies : Zeppelin
à lire en page 16 du journal Embarquements n°3
en savoir plus : camelides.cirad.frlacamelerie.fr

EXPÉDITION
Veille climatique : les glaciers résistent !
Une expédition de géographes français a gravi plusieurs sommets de l'Himalaya au Népal pour étudier sur le long terme les effets du réchauffement climatique sur la ressource en eau (projet PRESHINE). Et les glaciers de haute altitude résistent « plutôt bien ». C'est le verdict issu de 10 ans de données, un temps modeste s'il est comparé aux Alpes où certains glaciers sont suivis depuis 60 ans. Mais ici, les données sont rares parce qu'elles sont dures à aller chercher.
texte et photographies : Thibaut Vergoz
à lire en page 16 du journal Embarquements n°3
en savoir plus : anr.frthibautvergoz.com

PORTRAIT
Laurent Ballesta, label bleu
Tout est bleu chez lui. L'iris de ses yeux comme ses chemises à la ville ou sa mer Méditerranée dans laquelle il plonge à de grandes profondeurs depuis sa tendre enfance. De son métier de cartographe bionomique des fonds marins, Laurent Ballesta apprend à repousser les frontières de l'inconnu, « prêt à tout pour fuir la laideur et atteindre les splendeurs ».
texte : Stéphane Dugast | photographies : Caroline et Laurent Ballesta / Gombessa Expéditions
à lire en page 20 du journal Embarquements n°3
📖 Planète Méditerranée, de Laurent Ballesta, éditions Héméria – Andromède Océanologie, 2020.
en savoir plus : laurentballesta.comhemeria.comboutique.arte.tv


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